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close this bookSurveillance Épidémiologique après un Désastre Naturel (PAHO)
close this folderPremière partie: Surveillance épidémiologique et lutte contre les maladies après un désastre naturel
close this folderChapitre 2: Risques de déclenchement d'épidémies après un désastre
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View the documentExposition des sujets vulnérables aux maladies transmissibles endémiques
View the documentAugmentation de l'incidence des maladies transmissibles endémiques dans les populations locales
View the documentProblèmes spéciaux de maladies transmissibles dans les centres d'hébergement pour réfugiés
View the documentMaladies transmissibles après un désastre

Exposition des sujets vulnérables aux maladies transmissibles endémiques

Après un désastre, des sujets vulnérables peuvent brusquement être exposés à des maladies endémiques. Celles-ci prennent alors des proportions épidémiques. On observe, dans l'immédiat, une incidence supérieure à la normale. On peut distinguer trois mécanismes: la migration des populations rurales vers des zones surpeuplées, la migration de populations urbaines vers les zones rurales, l'immigration de sujets réceptifs dans des zones sinistrées. Pour mettre en oeuvre les mesures préventives adéquates, il faut d'abord connaître l'épidémiologie des maladies endémiques dans les pays concernés.

Migration des populations rurales vers des zones surpeuplées

À l'époque médiévale, les classes privilégiées essayaient d'échapper aux épidémies en fuyant les villes pestilentielles. Aujourd'hui, en cas de sécheresse, de troubles civils ou autres désastres, les populations se rassemblent en un lieu où elles espèrent être nourries, se trouver en sécurité, et recevoir des soins médicaux. Généralement, la vulnérabilité des réfugiés aux maladies transmissibles, et spécialement à celles transmises par l'air (aérosols) ou par contact direct, est d'autant plus grande qu'ils viennent de :zones de faible densité de population ou à peuplement clairsemé. Dans ces régions, la couverture vaccinale contre les maladies de l'enfance est généralement insuffisante. Lorsque des habitants des hauts-plateaux migrent vers des camps ou des centres d'hébergement situés à plus basses altitudes, ils risquent des maladies transmises par des vecteurs, inexistantes sur les hauts-plateaux.

Migration de populations urbaines vers des zones rurales

Plus rarement, à la suite de troubles civils, de tremblements de terre ou d'ouragans, les populations urbaines fuient les villes et se réfugient dans des zones rurales. Elles peuvent alors être exposées aux maladies transmises par des vecteurs, le paludisme en particulier. La destruction de Managua, lors du tremblement de terre de 1972, en est un exemple (16). La gravité du paludisme à P. falciparum résistant à la chloroquine parmi les réfugiés cambodgiens constitue un autre exemple d'acquisition de maladies transmissibles à la suite de migrations des villes vers les campagnes. Les réfugiés, d'abord expulsés des centres d'hébergement vers des zones rurales, où le paludisme était rare, ont ensuite gagné la frontière thaïlandaise en traversant des zones holoendémiques (17).

Immigration de sujets vulnérables dans les zones sinistrées

Le secouriste, souvent mal informé et mal équipé, envoyé dans une région sinistrée dans le cadre de l'aide internationale est le prototype du sujet vulnérable et il risque de contracter des maladies qui n'existent pas dans son pays d'origine. Ce fut le cas lors de la guerre civile au Nigéria. L'efficacité de certaines équipes médicales étrangères a été compromise. Plusieurs cas de paludisme, y compris des cas de paludisme cérébral et un décès, sont survenus à cause d'une totale méconnaissance du risque et des moyens de l'éviter. Un groupe, opérant au Biafra, a négligé la prophylaxie par les gammaglobulines; avant même sa mise à pied d'oeuvre, les membres de l'équipe ont fait une hépatite infectieuse et ont été mis hors circuit (18).

Depuis longtemps, les organisations de secours sont conscientes de ce risque. Il leur est cependant difficile de convaincre de la gravité du problème des secouristes souvent incrédules et inexpérimentés. Des groupes de volontaires sont généralement constitués dans divers pays à la suite d'un désastre particulièrement important. La formation préalable qui leur est donnée dans leur pays d'origine est orientée en fonction des caractéristiques de la région sinistrée. Les responsables médicaux des organisations dont dépendent ces groupes auraient avantage à prendre avis auprès des organisations spécialisées ou à consulter les manuels rédigés à l'intention des personnes qui se rendent dans les pays tropicaux.