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close this bookSurveillance Épidémiologique après un Désastre Naturel (PAHO)
close this folderPremière partie: Surveillance épidémiologique et lutte contre les maladies après un désastre naturel
close this folderChapitre 1: Facteurs déterminant les risques de propagation de maladies transmissibles après un désastre
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View the documentFacteurs égidémiologiques qui déterminent le risque de maladies transmissibles
View the documentRisques d'apparition de maladies transmissibles après un désastre naturel et après un désastre provoqué par l'homme
View the documentExpérience relative aux maladies transmissibles après un désastre

Facteurs égidémiologiques qui déterminent le risque de maladies transmissibles

Le risque de maladies transmissibles après un désastre est déterminé par six types de facteurs, à savoir:

(1) l'effet direct sur le niveau endémique normal;
(2) les altérations écologiques produites par le désastre;
(3) les déplacements de populations;
(4) les modifications de la densité de la population;
(5) la dislocation des services publics;
(6) l'interruption des services essentiels de santé publique.

Effet direct sur la fréquence de la maladie

En règle générale, le risque de maladie transmissible dans une population sinistrée dépend du niveau d'endémicité. Il n'y a pas de risque lorsque l'agent étiologique n'existe pas dans la population. Le plus souvent, néanmoins, les statistiques sanitaires des pays en voie de développement sont tellement insuffisantes que les autorités nationales manquent d'informations épidémiologiques adéquates pour évaluer l'existence et la distribution éventuelle d'agents étiologiques spécifiques. Dès lors, il arrive que, suite à des pressions politiques, les autorités soient forcées de prendre des mesures contre des maladies telles la variole, le choléra, la fièvre jaune et d'autres maladies transmises par des vecteurs, dans des zones géographiques qui sont considérées comme indemnes par les experts.

Il est possible cependant que des équipes de secours ou des personnes étrangères introduisent une maladie transmissible dans une zone sinistrée. Ces maladies importées seraient la grippe causée par de nouvelles souches du virus, la fièvre aphteuse, et les maladies transmises par des insectes vecteurs, Aedes aegypti en particulier. Il arrive également que les secouristes soient exposés à des affections non prévalentes dans leur pays d'origine et contre lesquelles ils ne sont pas immunisés, tandis que la population locale l'est.

Altérations écologiques produites par le désastre

Les désastres naturels, en particulier les sécheresses, les inondations et les ouragans, entraînent fréquemment des altérations de l'environnement qui augmentent ou réduisent les risques de maladie transmissible. Les maladies transmises par des vecteurs et les maladies d'origine hydrique illustrent ces possibilités. Un ouragan accompagné de pluies torrentielles frappant la zone côtière des Caraïbes en Amérique centrale peut, par exemple, freiner l'éclosion d'Anopheles aquasalis, ce vecteur préférant l'eau marécageuse saumâtre et soumise aux marées, et favoriser la prolifération d'Anopheles albimanus et d'Anopheles darlingi, ces insectes pondant de préférence dans l'eau fraîche et claire et dans les débordements. L'effet d'un ouragan sur le paludisme humain, transmis par l'une et l'autre de ces deux espèces, est dès lors malaisé à prédire. Les pluies accompagnant un ouragan peuvent aussi entraîner le débordement des rivières et des canaux, alors que ceux-ci, dans les zones rurales, constituent souvent un réservoir d'eau potable. Dans ces circonstances, une zoonose transmise par l'eau, telle la leptospirose, peut voir sa dissémination favorisée, suite à des contacts accrus avec l'eau ou à l'ingestion d'eau contaminée. La dilution de l'eau déjà contaminée par la pluie, peut, par contre, réduire à court terme la fréquence d'une maladie (1). Il arrive aussi que la population évite de boire de l'eau contaminée à la suite d'une inondation pour des raisons culturelles ou psychologiques: présence de carcasses d'animaux par exemple.


Les habitants se déplacent dans les rues inondées de Maraba au Brésil. Les inondations, de même que les autres désastres naturels, entraînent souvent des altérations de l'environnement qui peuvent augmenter les risques de diffusion de maladies transmises par des vecteurs ou par l'eau.

Déplacements de population

L'exode de la population des zones sinistrées peut avoir des effets sur les risques de transmission d'une maladie. Il faut distinguer trois types d'effets. Si le déplacement de la population s'effectue dans le voisinage, les établissements et les services de la région d'accueil vont être surchargés. Lorsque le déplacement se fait vers des régions plus distantes, le risque de maladies nouvelles augmente, car les réfugiés peuvent être exposés à des affections non prévalentes dans leur région d'origine, et contre lesquelles ils ne sont pas immunisés. Par exemple, des populations réceptives rassemblées dans des camps après un tremblement de terre peuvent être exposées à la rougeole. Enfin, à l'inverse, les populations déplacées peuvent importer dans la région d'accueil les agents ou les vecteurs de maladies transmissibles.

Tel est le cas lorsque des populations originaires des zones côtières basses affectées par le paludisme sont évacuées vers l'intérieur du pays.

Densité de la population

La densité de la population constitue un élément critique de la transmission des maladies propagées par les voies respiratoires ou par contacts directs entre individus. Suite à la destruction de l'habitat, les désastres naturels entraînent une augmentation de la densité de la population. Les survivants d'un désastre grave se rassemblent dans les endroits les moins dévastés pour y trouver abri, eau et nourriture. Quand les dommages sont moindres, les familles se regroupent dans des bâtiments publics, écoles ou églises par exemple. Les conséquences les plus communes de cette concentration de la population sont les maladies respiratoires aiguës, y compris la grippe et les diarrhées non spécifiques.

Dislocation des services publics

La fourniture d'électricité, l'approvisionnement en eau, L'évacuation des eaux usées, ainsi que d'autres services publics peuvent être interrompus après un désastre. Dans un village, où, dans des circonstances normales, les conditions d'hygiène sont défectueuses, le risque d'une augmentation de l'incidence des maladies transmissibles est faible. Par contre, dans des zones économiquement plus développées, la dislocation des services augmente les risques de transmission des maladies par ingestion d'aliments ou d'eau contaminée. La carence en eau pour la toilette peut également entraîner une incidence accrue des maladies à transmission directe.

Interruption des services essentiels de santé publique

L'interruption des services essentiels de santé publique, tels que vaccinations, traitement ambulatoire de la tuberculose et programmes de lutte contre le paludisme et les vecteurs, est courante lors de désastres. Celle-ci est souvent, et à tort, considérée comme un problème négligeable, alors que dans les pays en voie de développement, cette interruption augmente la probabilité de transmission des maladies. Le risque dépend de l'importance et de la durée de l'interruption. Certaines maladies transmissibles peuvent apparaître des mois, voire des années, après une période de sécheresse ou de famine, ou après des désordres civils. La raison en est souvent que le personnel et les crédits ont été affectés à l'effort de secours plus longtemps qu'il n'était nécessaire. Parfois aussi, il est impossible de réunir les ressources nécessaires au fonctionnement de ces services, ce qui aggrave la situation.