Cover Image
close this bookSurveillance Épidémiologique après un Désastre Naturel (PAHO)
close this folderPremière partie: Surveillance épidémiologique et lutte contre les maladies après un désastre naturel
close this folderChapitre 5: Lutte contre les maladies transmissibles après un désastre
View the document(introductory text...)
View the documentHygiène du milieu
View the documentVaccinations
View the documentChimiothérapie
View the documentQuarantaine et isolement

Hygiène du milieu

Les mesures d'hygiène du milieu à prendre après un désastre visent à maintenir un minimum d'hygiène et concernent l'élimination des excrétas, la distribution d'eau, l'hygiène personnelle, la distribution de nourriture, la lutte contre les vecteurs, l'inhumation des victimes et la construction d'abris.

Le manque de temps, de personnel et de ressources exigent l'établissement de priorités. Celles-ci seront déterminées en fonction des conditions existant avant le désastre, de facteurs culturels, du bien-être des populations, et des risques qu'encourt la santé publique, tel celui d'une épidémie.

En général, les efforts consacrés à l'hygiène du milieu sont proportionnels au niveau sanitaire existant avant le désastre. La durée des opérations de secours est limitée. Le caractère temporaire des secours rend impossible toute tentative d'établir des installations sanitaires permanentes ou d'aménager des sources d'approvisionnement en eau ou en vivres, si elles ont été sérieusement endommagées pendant le désastre ou si, avant qu'il ne survienne, elles étaient inexistantes. Les populations vivant dans des conditions d'hygiène rudimentaires ne pourront pas, en une si courte période de temps, être éduquées à l'utilisation correcte de latrines, de puits ou d'installations sanitaires.

Les populations rurales, exposées dans des conditions normales à des maladies transmissibles, sont dans une certaine mesure immunisées. Elles courent, lorsque les installations sanitaires font défaut, moins de risques de contracter une maladie contagieuse que les habitants des villes ou les secouristes. Par contre, l'interruption des services de distribution d'eau ou d'électricité dans une communauté industrialisée, peut entraîner l'anéantissement des services sociaux et sanitaires, ce qui facilite la transmission de certaines maladies. Les problèmes d'hygiène du milieu dans les camps de réfugiés, que le pays soit pauvre ou non, doivent toujours faire l'objet d'une très grande attention.


Il est essentiel pour la santé que l'eau potable soit fournie en quantité suffisante. Les désastres naturels peuvent: entraîner une interruption de la distribution d'eau et la contamination du système d'adduction. Des mesures spéciales doivent être prises pour protéger les installations susceptibles d'être endommagées et pour maintenir à l'abri des contaminations les sources d'approvisionnement de remplacement.

En ce qui concerne l'hygiène du milieu, les épidémiologistes doivent se rendre compte que les priorités établies par les responsables des secours ne sont pas toujours orientées vers le contrôle des maladies transmissibles.

Les premiers efforts des responsables de l'hygiène du milieu visent à la construction d'abris, à l'élimination des immondices, à la distribution d'eau et à l'inhumation des cadavres. Ils portent moins d'attention au contrôle des vecteurs, au contrôle des aliments et à l'hygiène personnelle. Ces activités sont essentielles pour prévenir la transmission de maladies infectieuses. Après les désastres, particulièrement dans les pays les plus pauvres, l'absence, à tous les niveaux, de personnel compétent, entrave la mise en oeuvre de ces mesures.

Les cadavres humains et les charognes ont rarement provoqué des épidémies de maladies transmissibles après un désastre. Abstraction faite des problèmes sanitaires, il est important d'inhumer les cadavres en respectant les moeurs et coutumes de la population. Par ailleurs, le plus souvent, l'odeur des charognes, mal ou non ensevelies, deviendra vite intolérable.

Souvent les mesures d'hygiène du milieu, prises pour prévenir la transmission des maladies infectieuses, échouent pour des raisons techniques. La chlorination avec ou sans filtration de l'eau est, par exemple, inefficace pour détruire des protozoaires tels que Giardia lamblia. Les comprimés de désinfection de l'eau (tel que la Globaline et l'Halazone) détruisent les bactéries entériques, les amibes, et certains virus, mais ne les éliminent pas tous. La distribution massive, après un désastre, de comprimés pour purifier l'eau, ne s'est pas révélée efficace dans des populations peu familières à leur usage; elle n'est donc pas recommandée comme mesure de routine. L'ingestion de ces comprimés, pris par méprise pour des médicaments, risque de provoquer des accidents mortels. Par contre, ces produits peuvent être utilisés avec profit pour la désinfection dans des groupes de population mieux informés, tels que les secouristes, les militaires, les fonctionnaires, etc.

La lutte contre les vecteurs est trop souvent orientée vers les insectes nuisibles, plutôt que contre les vecteurs de maladies transmissibles à l'homme. Les pesticides sont utilisés sur la végétation pour éliminer les moustiques importuns (Culex par exemple) plutôt que les vecteurs du paludisme (Anophèle), de la dengue ou de la fièvre jaune (Aedes aegypti). Là où les mouches domestiques ont acquis une certaine résistance, des quantités excessives de pesticides sont parfois utilisées, alors que la collecte et l'évacuation des excrétas et des immondices seraient beaucoup plus efficace.

Le manuel publié par l'Organisation panaméricaine de la santé, "Emergency Vector Control after Natural Disasters" (53) (traduit sous le titre "Lutte d'urgence contre les vecteurs après un désastre naturel") et le "Guide d'assainissement en cas de catastrophe naturelle" publié par l'Organisation mondiale de la santé (22), analysent ces problèmes de manière plus approfondie.