Cover Image
close this bookSurveillance Épidémiologique après un Désastre Naturel (PAHO)
close this folderPremière partie: Surveillance épidémiologique et lutte contre les maladies après un désastre naturel
close this folderChapitre 5: Lutte contre les maladies transmissibles après un désastre
View the document(introductory text...)
View the documentHygiène du milieu
View the documentVaccinations
View the documentChimiothérapie
View the documentQuarantaine et isolement

Vaccinations

Jadis, on préconisait, en cas de désastre, de vacciner d'urgence toute la population contre la fièvre typhoïde, le tétanos et le choléra et l'on improvisait des campagnes de vaccination en masse. Ces mesures sont aujourd'hui jugées inutiles et même dangereuses. Ce changement d'attitude est basé sur des arguments scientifiques et pratiques. Néanmoins, l'immunisation de masse reste, dans l'esprit du public et des politiciens, une des premières mesures à prendre après un désastre. Il est dès lors parfois difficile de résister à la pression de l'opinion.


Les programmes de vaccination de masse improvisés d'urgence entraînent une grande mobilisation des ressources. Une bonne couverture de soins de santé avant le désastre constitue la meilleure protection contre les épidémies de maladies transmissibles après un désastre naturel.

Les raisons scientifiques prouvant l'inopportunité des vaccinations de masse ont été passées en revue par l'Organisation panaméricaine de la santé (voir Annexe 5). Ces raisons sont les suivantes: les épidémies de maladies transmissibles sont rares après un désastre, même dans des populations non vaccinées. Les vaccins actuellement disponibles exigent deux ou trois injections à des intervalles de deux à quatre semaines; les vaccins contre la typhoïde, la paratyphoïde et le choléra ne procurent qu'une protection partielle et temporaire (quelques mois); il n'existe pas encore de vaccins efficaces contre les maladies transmissibles les plus fréquentes.

Parmi celles-ci figurent notamment les intoxications alimentaires dues à des toxines bactériennes, les salmonelloses, les diarrhées non spécifiques, l'hépatite infectieuse et la grippe.

Les manifestations cliniques de l'hépatite infectieuse peuvent être atténuées par l'injection de gammaglobulines, mais celles-ci ne préviennent ni l'infection, ni la transmission. Cette méthode est aussi trop coûteuse pour être envisagée dans les pays en voie de développement. La vaccination contre la grippe doit être réservée aux personnes âgées, aux patients atteints de maladies chroniques débilitantes et au personnel des services de base. Elle doit être pratiquée avant que la maladie n'apparaisse dans la communauté. Le vaccin utilisé contre la grippe assure une protection élevée, à condition que l'antigène soit spécifique. Les gammaglobulines et le vaccin antigrippal ne sont pas recommandés pour la vaccination de masse après un désastre.

L'expérience a montré que les campagnes de vaccinations sont difficiles à organiser immédiatement après un désastre. De plus, elles compromettent l'effort général de secours sans entraîner de bénéfice appréciable. La vaccination de masse, pour être efficace, requiert une planification préalable; il faut prévoir des moyens de communications et de transport et avoir accès à la population. Ces conditions ne peuvent pas être réunies dans l'immédiat, après un désastre. Les investissements requis sont disproportionnés aux résultats et se font au détriment d'autres activités. De plus, certains vaccins, et particulièrement ceux qui sont sensibles à la chaleur (fièvre jaune, rougeole, poliomyélite) sont difficiles à manipuler et à conserver. Il en résulte du gaspillage ou même l'administration de vaccins inefficaces.

La primo-vaccination doit être envisagée chez les jeunes enfants, dès que les populations sont hébergées dans des camps pendant plus de trente jours. Les enfants plus âgés doivent recevoir des injections de rappel au moment voulu. En ce qui concerne la stratégie et les groupes d'âge à vacciner, il faut suivre les instructions du Programme élargi de vaccination (PEV). Celui-ci prévoit la vaccination contre la diphtérie, la coqueluche, le tétanos, la poliomyélite, la rougeole et la tuberculose (administration de BCG). Il faut disposer d'une chaîne du froid pour conserver les vaccins. Il faut établir des registres de vaccination afin de pouvoir évaluer la couverture immunitaire.

La vaccination peut être effectuée, lors de l'admission dans un camp, au moment du contrôle sanitaire. Elle se poursuit dans le cadre des soins de santé primaires. Dans les camps, la vaccination doit être réservée aux groupes de population vulnérables, c'est-à-dire aux enfants en bas âge et aux femmes en âge de procréer. Celles-ci seront vaccinées seulement contre le tétanos.

Les enfants plus âgés et les adultes ne doivent pas être systématiquement vaccinés. En effet, ils sont pour la plupart déjà protégés, soit parce qu'ils appartiennent à des communautés bien vaccinées, soit parce qu'ils ont acquis une immunité naturelle. Cette stratégie permet de réduire les problèmes logistiques soulevés par les vaccinations de masse.

Certaines exceptions s'imposent toutefois. Les populations isolées peu sujettes à des maladies telles que la rougeole, la poliomyélite, et la grippe doivent être protégées. Il s'agit notamment des habitants de petites îles ou de groupes de montagnards lorsqu'ils sont hébergés dans des camps.

La vaccination peut se révéler utile chez les secouristes, pour les protéger de maladies endémiques dans la région sinistrée (vaccin contre la poliomyélite, vaccin contre la rougeole, et globuline sérique immune). La vaccination des secouristes vise à protéger un personnel-clé. Les vaccinations requises pour les volontaires des pays industrialisés sont les mêmes que celles recommandées pour les autres voyageurs internationaux (19). Elles sont en général achevées avant le départ pour la région sinistrée. S'il n'est pas possible de terminer les vaccinations à temps, les deuxièmes doses ou les doses de rappel sont administrées sur le terrain.

Des manuels sur la pratique des vaccinations et sur la chaîne du froid peuvent être obtenus auprès de l'Organisation panaméricaine de la santé et de l'Organisation mondiale de la santé (54-56).